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Les militaires

De 1791 à 1815, une véritable armée, estimée à environ 120 000 hommes, est partie des deux départements d’Alsace. Les archives qui nous sont parvenues, sont malheureusement incomplètes et ne permettent pas d’effectuer une estimation exacte sur le nombre de volontaires, de réquisitionnaires, de conscrits, d’enrôlés volontaires et de gardes nationaux partis sous les drapeaux. L’étude de Fernand L’Huillier, nous permet de nous faire une image de l’impôt de sang réclamé à notre région. Seul, un dépouillement systématique de tous les registres de matricules conservés dans les différents dépôts d’archives, permettrait d’avoir un chiffre proche de la réalité ; c’est le but du présent travail.

Ce dictionnaire se veut le répertoire de tous les conscrits et militaires de tout grade, nés ou résidant dans le département du Bas-Rhin et qui ont servi dans les armées de la Révolution, de la République, du Consulat et du Premier Empire. Toutefois, le lecteur n’y trouvera pas les officiers supérieurs, tel que maréchal, général ou colonel, qui possèdent déjà leurs propres dictionnaires.

 

Ce travail gigantesque, résultat de 30 années de recherches, ne pouvant être publié, nous avons choisi de le mettre gratuitement à la disposition des chercheurs via ce site Internet. 

 

Entre 1791 et 1814, l'organisation du département du Bas-Rhin a plusieurs fois évolué, c'est la loi du 28 pluviôse an VIII réorganisa le département. En 1801 et 1802 la suppression d’un certain nombre de cantons (Diemeringen, Fort-Vauban, Harskirchen, Ingwiller, …) et la création de deux nouveaux cantons Seltz et Woerth, y apportèrent une touche finale.

 

1. Les sources ayant permis la rédaction des biographies.

 

Les documents d’archives à consulter pour réaliser ce travail se comptent par milliers. Les dossiers utilisés pour la rédaction d’une biographie sont principalement les registres de conscription et de matricule, les listes d’admission aux hôpitaux, les listes de prisonniers de guerre rentrés en France, des correspondances, etc…. Le résultat est souvent issu de la consultation de plusieurs pièces.

 

Afin que le lecteur puisse rapidement trouver les pièces utilisées, il a été mis à la fin de chaque biographie les références des liasses ou registres consultés. Les principaux dépôts d’archives fréquentés sont :

 

  • Le Service Historique de la Défense à Vincennes. Dans ce dépôt, on trouve les archives de l’armée de terre (SHDT), de la marine (SHDM) ainsi qu’une bibliothèque richement dotée en livres concernant l’histoire militaire de la France. Les principales séries consultées sont :

  • B – Révolution (1791 –1802)

  • C – Premier Empire (1804-1815)

  • Yb – contrôles des officiers

  • Yc – contrôles des troupes

  • Yf -dossiers de pensions militaires

  • Yj – prisonniers de guerre français et étranger (1792 – 1874).

 

  • Les Archives Nationales à Paris. Il s’agit principalement des séries :

  • AF – archives du pouvoir exécutif (1789 –1802)

  • BB 18 – correspondance générale des affaires criminelles

  • F9 – affaires militaires

 

  • Les Archives d'Alsace, site de Strasbourg. Les séries consultées sont :

  • K – lois, ordonnances, arrêtés

  • L – administrations du département, du district, du canton

  • M – administration générale

  • N – administration et comptabilité départementales

  • O – administration communale

  • Rp – affaires militaires

 

  • Les Archives Municipales sises dans le département du Bas-Rhin Strasbourg [AMS], Haguenau [AMH], Wissembourg [AMW], etc...

 

2. Les biographies.

  • Généralités .

 

Sauf d’avoir compulsé tous les dossiers existants, on ne pourra jamais prétendre qu’une biographie soit complète. Il a donc fallu définir des critères permettant de la considérer comme terminée. Les conditions retenues qui permettent de penser que la carrière militaire de notre jeune homme soit terminée, sont les évènements suivants :

  • mort au combat, mort en route, mort à l’hôpital

  • obtention d’un congé de réforme, de retraite, de remplacement ou autre

  • rayé des contrôles

  • être prisonnier de guerre ou déserteur

  • avoir eu une condamnation suite à désertion ou être réfractaire.

 

En cas de nouvelles trouvailles, elles seront complétées.

 

Le classement des biographies s’est effectué dans l’ordre alphabétique. Les registres paroissiaux et de l’état civil n’ont pas été consultés. Les données figurant proviennent généralement soit du registre de conscription, soit du registre des matricules du régiment où il a servi. Des différences peuvent dont exister avec la réalité.

 

  • L’orthographe des patronymes et des lieux.

 

            L’orthographe des patronymes a été maintenue comme celle inscrite sur les premiers états consultés, généralement les listes de conscription. Le lecteur doit avoir à l’esprit que souvent un nom à consonance germanique, a été entendu par une oreille francophone et retranscrite sous forme phonétique, ainsi Stephan peut devenir Stéfan. D’autres transformations, comme Voltz en Foltz, Spehner en Sphner, Mayer en Maier, Kempff en Quemff ou Waldmann en Valdmann sont aussi possible. Il aurait été hasardeux et trop aléatoire de procéder à la vérification de tous les patronymes, vu qu’à l’époque l’orthographe patronymique n’était pas stable comme aujourd’hui.

 

            L’orthographe des lieux de naissance a été, dans la mesure du possible, transformée sous sa forme orthographique actuelle. Là aussi, l’orthographe a pu aussi poser un certain nombre d’interrogation. Ainsi un jeune homme est dit né à « Schiabarba », après vérification, il est né à Scheibenhard. On peut constater, par cet exemple, ce que peut donner un lieu exprimé en alsacien et compris par un scribe ne maitrisant pas la langue germanique.

  • Le contenu d’une biographie.

 

            En fonction des découvertes faites dans les divers documents consultés, le lecteur pourra trouver dans une biographie :

  • nom et prénom(s)

  • date et lieu de naissance

  • nom et prénom(s) des parents

  • profession et domicile avant l’entrée au service. La résidence n'est indiquée uniquement si elle est différente du lieu de naissance.

  • date d’incorporation

  • le(s) grade(s) successif(s)

  • le(s) régiment (s) où il a servi

  • les campagnes, les batailles, les blessures

  • une description physique (taille, couleur des cheveux et sourcils, front, nez, bouche, menton, visage et signes particuliers).

Les Biographies

Le recrutement de l’armée de la Révolution à la fin du Premier Empire dans le département du Bas-Rhin.

            Sous l’Ancien Régime, l’Alsace fournit à l’armée en moyenne un homme pour 149 habitants.

 

            Au moment de la Révolution, le recrutement s’exécute d’abord par l’appel de volontaires, puis de réquisitionnaires. Malheureusement certains registres de ces bataillons de volontaires du département du Bas-Rhin ne nous sont pas parvenus. Dans son annuaire de l’an XIII, Farges-Méricourt estime avec les données qu’il a à sa disposition à la préfecture, que la masse d’hommes levés par ces deux moyens s’élèvent à plus de 15 000 hommes. Jean-Paul Bertaud, dans son « enquête sur les volontaires de 1792 » soutient que le Bas-Rhin figure parmi les départements ayant fourni le plus grand nombre d’hommes à l’armée. Avec ces deux affirmations, nous retiendrons ce chiffre de 15 000 individus dans l’estimation totale des jeunes gens qui sont partis à l’armée entre 1791 et 1814.

 

            Suite à la promulgation de la loi Jourdan Delbrel du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798), la France voit, pour la première fois, l’instauration d’un service militaire obligatoire appliqué aux jeunes personnes de sexe masculin âgées de 20 à 25 ans. Ce texte donne naissance à une « armée nouvelle » et créée une rupture avec le recrutement comme il se réalisait jusqu’alors. Mis en place par le Directoire, il s’insère d’abord progressivement, puis durablement dans la vie de la population. Il faut attendre la fin de cette période pour que les principes directeurs du service militaire soient édictés.

 

            La première levée de la conscription a lieu en vertu du décret du corps législatif du 3 vendémiaire an VII (24 septembre 1798). Sur le territoire national, ce sont près de 200 000 conscrits de la première classe qui sont appelés.  On demande au Bas-Rhin d’en désigner 2 150. Ce nombre qui fait partie des plus importants de l’ensemble du territoire national, pourrait surprendre si le calcul des contingents n’était lié à la population totale des départements. Le Bas-Rhin est au douzième rang des contrées les plus peuplés de la France avec une population estimée à 450 238 habitants.

 

            Hargenvillier nous instruit que cette méthode de répartition s’applique jusqu’en l’an XIII. Cette première opération de conscription ne s’effectue toutefois pas sans difficultés. Pour y échapper, un certain nombre de conscrits prennent le chemin de l’exil. Un autre obstacle, rencontré par l’administration, est la disparition ou la falsification d’un certain nombre de registres paroissiaux. Cette pratique semble courante.

 

            La loi du 28 germinal an VII (17 avril 1799) prescrit la seconde ponction sur l’an VII et concerne les premières, deuxièmes et troisièmes classes. Elle prévoit le départ de 2 309 conscrits supplémentaires. La situation extérieure se dégradant, oblige le gouvernement à une troisième levée qui met en service l’ensemble des conscrits restants, soit 4 042 hommes. Le total est de 8 501 hommes, mais Hargenvilliers estime dans ses travaux « que les départs à l’armée pour l’an VII s’élèvent à 6 191 conscrits pour le département du Bas-Rhin ».

 

            L’organisation du service militaire devient dès lors une des tâches les plus importantes qui sont confiées aux préfets. Les maires des communes sont chargés de la réalisation de tableaux de conscription. Souvent, ils manquent d’instruction, mais sont surtout soumis à la pression de leurs concitoyens dont ils sont, soit des voisins, soit des amis ou de la famille. Une spécificité régionale veut que la plupart d’eux n’ont qu’une faible connaissance du français. En 1789, lors de son périple européen, Arthur YOUNG considère qu’en Alsace « une personne sur cent parle le français ». Pour pallier à cet embarras, l’administration préfectorale prend l’habitude d’associer le français et l’allemand dans la rédaction des affiches ou des correspondances. Dans le fond de la série préfectorale des archives départementales du Bas-Rhin, il existe de nombreux exemples illustrant cette pratique.

 

            En vertu de la loi du 17 ventôse an VIII (8 mars 1800) la levée de l’an VIII est ordonnée. Elle porte sur un ensemble de 30 000 conscrits, et la part revenant au département est de 558 citoyens.

 

            La loi du 8 floréal an X (18 mai 1802) appelle les classes des ans IX et X. Les armées de la République demandent 920 hommes au département.

 

            Cette levée à peine achevé, la loi du 6 floréal an XI (26 avril 1803) réclame un nouveau quota pour sur les classes de l’an XI et XII. Chacune doit fournir 399 pour l’armée active et autant pour celle de la réserve, soit un total de 1 596 individus. Fernand L’Huillier nous rapporte trois nouveaux appels faisant suite à des arrêtés :

  • du 10 thermidor an XI (29 juillet 1803) convoque 55 réservistes de l’an XI,

  • du 16 germinal an XII (4 avril 1804) demande 74 voltigeurs issus des classes de l’an XI et XII au 21ème régiment d’infanterie légère,

  • du 26 nivôse an XII (17 juillet 1804), nommé « «  réclame 250 hommes sur les deux classes.

 

            En additionnant ces diverses ponctions, nous obtenons pour ces deux classes le chiffre de 1 177 partants.

 

            NAPOLÉON ordonne le 3 germinal an XII (24 mars 1804) d’organiser la levée de la conscription de l’an XIII. Le décret impérial du 8 nivôse an XIII (29 décembre 1804) qui règlemente cette levée sollicite 854 individus Bas-Rhin, moitié pour l’active, moitié pour la réserve. Ils se répartissent ainsi :

  • 296 pour l’arrondissement de Strasbourg,

  • 224 pour l’arrondissement de Wissembourg,

  • 184 pour l’arrondissement de Barr

  • 150 pour l’arrondissement de Saverne.

 

            On constate que le nombre varie du simple au double en fonction de l’arrondissement. Du coup, il nous apprend aussi quelles sont les circonscriptions les plus peuplées. Dans une correspondance au ministre de la police générale, le préfet l’informe « …la tranquillité a été un instant compromise dans les cantons de Bergzabern et Wissembourg par quelques conscrits ivres, mais la fermeté et le nom de la loi ont suffi pour ramener le bon ordre, … ». Le 24 floréal an XIII (14 mai 1805), 15 000 nouveaux réservistes sont appelés dont 229 Bas-Rhinois. Le décret du 17 germinal an XIII (7 avril 1805) demande le départ de 5 000 réservistes dont 117 pour le département. Enfin le décret du 1er jour complémentaire an XIII (18 septembre 1805) réunit l’ensemble des réservistes de l’an IX à l’an XIII.

 

            Le décret du 8 fructidor an XIII prévoit un contingent de 782 hommes sur la levée de l’an XIV. Ils sont répartis en part égale entre l’armée active et celle de la réserve. Le 1er frimaire suivant, ils sont 877 à avoir quitté le département pour rejoindre leur régiment.

 

            Le Sénatus-consulte du 4 décembre 1806 ordonne la levée de la classe de 1807. Le Bas-Rhin doit fournir 1 103 hommes. Le 7 avril 1807, un autre Sénatus-consulte met en place la conscription de 1808. En comprenant les enrôlés volontaires, le département envoie 1 141 hommes à la « grande armée ». Il est constaté qu’après l’arrivée des conscrits Bas-Rhinois aux régiments, un certain nombre désertent. Ce phénomène existait déjà sur les levées antérieures, mais pas dans les mêmes proportions. Peut-on en conclure pour autant qu’il y a « un mouvement de réfractaires » qui se met en place ? Cette manifestation est générale à tous les départements et est fort probablement dû à l’emballement des différents appels qui se font de plus en plus rapprochés. L’impôt du sang commence à peser sur la population. C’est à partir de la levée de 1808 que la multiplication des appels augmente encore.

 

            L’appel de la classe de 1809 exige 1 147 conscrits au Bas-Rhin dont 861 dans l’active et 286 dans la réserve. Le préfet Schée se voit dans l’obligation de rappeler à l’ordre les membres du conseil de recrutement qui deviennent plus rudes dans leur méthode. Ainsi peut-on lire « …la violence et les mauvais traitements envers les conscrits ont été poussés à un point extrême et encore sans exemple, cependant, ceux-ci ne se sont jamais présentés à la visite qu’avec la soumission et la docilité qui distinguent les habitants du Bas-Rhin… « . Cela nous permet de penser que contrairement à tous les écrits antérieurs, la répression par la force a dû exister lors des divers appels antérieurs. Les réclamations faites lors de ce tirage au sort sont systématiquement ignorées.

 

            Le Sénatus-consulte du 10 septembre 1808 ordonne la première levée extraordinaire dite des « 80 000 hommes ». Le décret du 12 du même mois, réclame au Bas-Rhin 1 104 conscrits sur les classes 1806 à 1809 et 1 147 conscrits sur la levée de 1810.

 

            La levée des conscrits de la classe de 1810 se déroule sans encombre. Mais un ordre du jour de la 5ème division militaire, daté du 31 janvier 1809, nous apprend que des mesures ont été prises à Strasbourg, à savoir : « …ordre du jour en treize points est édicté pour assurer le maintien de la police lors du tirage au sort des conscrits de la classe de 1810 à Strasbourg. Les consignes sont les suivantes :

  1. Le général commandant d’armes est invité de fournir un piquet de douze hommes indépendamment de celui de la compagnie de réserve.

  2. Les deux chambres de dépôt de détenus sont évacuées la veille et balayées pour servir, la plus grande de corps de garde et la petite pour y enfermer les individus qui pendant le tirage troubleraient l’ordre. Le commandant général de police est prié d’ordonner le transfert des détenus du dépôt à un autre local jusqu’au lendemain du tirage.

  3. La compagnie de réserve est chargée du service de police dans la salle du tirage et celle qui en forme l’avenir ( ?). La troupe de ligne est particulièrement chargée du service de police dans la cour et aux avenues de l’hôtel de ville. A cet effet, le détachement de la garnison est immédiatement aux ordres de l’adjoint délégué à la police et de l’inspecteur de police qui communiquera ces dispositions et se concertera à cet égard avec le commandant de la compagnie de réserve.

  4. Il sera fait des patrouilles dans les environs de l’hôtel de ville. Elles veilleront au maintien du bon ordre et empêcheront tout attroupement. Ils arrêteront tout tambour ou autres qui sans être de service parcoure les rues en battant la caisse et saisiront celle-ci.

  5. Outre la sentinelle extérieure, il sera placé deux factionnaires à la grande porte d’entrée de la maison de ville avec un sergent de police.

  6. Le sergent de police appuyé à cet effet par les factionnaires ne laissera entrer dans la maison de ville que les conscrits porteurs de leurs invitations et leurs père ou mère ou tuteur et seulement à l’heure où ils sont appelés suivant l’ordre alphabétiques à savoir :

    1. A 8 heures les conscrits dont les noms commencent par l’une des lettres « A » jusqu’à « H » inclusivement ;

    2. A 11 heures ceux dont les noms commencent par l’une des lettres « I » jusqu’à « R » inclusivement ;

    3. A 1 heure de relevé, ceux dont les noms commencent par les lettres « S » jusqu’à « Z ».

Les fonctionnaires employés ainsi que les personnes ayant affaire à la mairie pour des objets autres que la conscription pourront librement circuler.

  1. Il y aura un second sergent de police à la salle d’antichambre de celle du tirage. Il observera la même consigne qu’à la grande porte, sauf qu’il ne laissera pénétrer dans cette salle que les conscrits, leurs père, mère ou tuteur suivant l’heure respective de leurs avertissements et les fonctionnaires et employés ayant affaire au tirage.

  2. Il y aura un troisième garde de police à la porte de communication de l’antichambre à la salle de tirage.

  3. Il ne laissera pénétrer les conscrits dans la salle de tirage qu’un nombre et suivant le mode tel qu’il sera ordonné directement par le maire ou ses adjoints et d’après ce qui sera convenu à cet égard avec le délégué de monsieur le préfet.

  4. Il y aura des gens de police de réserve, soit pour conduite les patrouilles, soit pour être employés extraordinairement suivant l’exigence.

  5. Les employés des bureaux de la 2ème division dont le concours est nécessaire pendant le tirage se trouveront à 7 heures du matin à la mairie.

  6. Les agents de police employés d’après le présent ordre se trouveront à la mairie avant 7 heures.

  7. L’inspecteur de police est spécialement chargé de diriger tout ce qui est relatif au maintien de la police à la teneur du présent ordre…. ».

 

 

            A peine les opérations de la  classe de 1810 terminés, qu’une autre levée de 1 239 hommes au total est demandée au Bas-Rhin. Elle se répartie entre 138 dans le cadre d’une levée supplémentaire sur les classes 1806 à 1809, 573 pour la levée supplémentaire des conscrits de 1810 et 528 pour celle dite « complémentaire » sur les années 1806 à 1810.

 

            La levée de la classe de 1811 est la première opération de conscription du nouveau préfet Lezay-Marnésia. Elle s’effectue durant le  mois de février 1811 et 1 277 hommes doivent rejoindre les drapeaux.

 

            La levée de 1812 demande 1 152 conscrits au département. Le système s’emballe de plus en plus car, pour les années 1812 et 1813, on ne compte pas moins d’une dizaine d’opérations qui s’enchainent les unes aux autres. Elles portent à près de 9 000 les Bas-Rhinois appelés au service.

 

            La première est décrétée le 22 septembre 1812 et demande 1 451 conscrits au département. La suivante réclame 281 hommes pour former la 18ème cohorte de la garde nationale du premier ban.

 

            L’année 1813 est caractérisée par une série d’appels successifs. Sur l’ensemble de l’Empire ces levées concernent 900 000 conscrits. C’est l’année la plus terrible pour la conscription. Le 11 janvier, 1 370 conscrits supplémentaires sur les classes de 1809 à 1812 sont exigés. On la connait sous le nom de « levée des 100 000 hommes ». Le même jour, la levée de la classe de 1814 est ordonné et 2 110 conscrits Bas-Rhinois doivent rejoindre leurs corps respectifs. Le décret du 3 avril suivant, prescrit 1 037 hommes au département. Cette levée est appelée « levée des 80 000 hommes ». Enfin la dernière de cette série est faite en fin de l’année 1813 sous le nom de « levée des 120 000 hommes ». On désire encore prendre 1 200 hommes à la population.

 

            Gustave Vallée, nous apprend que toutes ces conscriptions ont levé en moyenne dans le département un individu sur 954. L’assiduité avec laquelle les trois préfets successifs ont réalisé ses levées n’est due qu’au fait que ces fonctionnaires étaient mis en concurrence les uns par rapport aux autres et qu’ils ont souvent enjolivé les rapports et les correspondances qu’ils rédigeaient aux différents ministères.

 

            En additionnant tous ces chiffres et en prenant en compte les enrôlements volontaires qui furent nombreux dans le département, on arrive à un nombre d’environ 70 000 hommes originaires de tous les villages du Bas-Rhin qui alimentèrent les armées de la Révolution, de la République, du Consulat et du Premier Empire.

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