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La médaille de Sainte-Hélène

La médaille de Sainte-Hélène a été créée par un décret de Napoléon III le 12 août 1857, durant le Second Empire. Elle est destinée aux « compagnons de gloire » de Napoléon Ier ayant participé aux « campagnes de 1792 à 1815 », en partie pour honorer les dernières volontés de Napoléon Bonaparte, telles qu'exprimées dans son testament à Sainte-Hélène. Cette médaille est reconnue comme la première « médaille commémorative » de France.

Médaille de Sainte-Hélène

Introduction

Si longtemps oubliés et même humiliés pendant la Restauration, les anciens militaires des campagnes de 1792 à 1815 ont dû attendre 30 ans avant que se concrétise le testament de Napoléon Ier. L’Empereur avait écrit le 15 avril 1821, de son exil à Sainte-Hélène : « Je lègue mon domaine privé, moitié aux officiers et soldats qui restent de l’armée française, qui ont combattu depuis 1792 à 1815 pour la gloire et l’indépendance de la nation. La répartition en sera faite au prorata des appointements d’activité … ».

 

Élu en 1848 au suffrage universel à la Présidence de la République, son neveu, Louis-Napoléon BONAPARTE a parmi ses projets, celui d’attribuer des récompenses aux militaires d’active, ainsi qu’à ceux, retirés du service. Par décret du 20 décembre 1851, il alloue une somme annuelle de 2 700 000 francs pour secourir les anciens militaires ayant servi sous la Révolution et le Premier Empire.

 

En février 1852, Jean-Baptiste Schweitzer, ancien militaire de cette époque, adresse deux lettres au maréchal de Saint-Armand, ministre de la guerre, afin d’obtenir, en faveur des anciens serviteurs du Premier Empire, une médaille en bronze. Dans sa lettre du 14 février 1852, il écrit : « … au gouvernement actuel, appartient la dignité de relever la gloire et l’honneur des vieux débris de l’Empire, de ces héroïques soldats auxquels on a si bassement fait expier le dévouement à la cause de l’Empereur… ».

 

Il propose d’employer quelques parties des canons enlevés aux ennemis par les soldats de l’Empire et d’en faire frapper des médailles d’environ trois centimètres de diamètre. Elles seraient destinées à décorer indistinctement ceux d’entre eux qui justifieront, par leurs états de service, d’une campagne faite avant l’invasion des coalisés. Il estime à 50 000, le nombre de vieux soldats restant en vie. Le 17 du même mois, il envoie au ministre, une esquisse de la médaille, réalisée par Bronte. Cette décoration semble être conforme, sans la couronne, à la future médaille de Sainte-Hélène.

 

            Ce vétéran des guerres du Premier Empire, est-il le véritable instigateur de la médaille ? Nul, à ce jour, ne peut répondre à cette question. Toujours est-il que trente-six années après la disparition de Napoléon Ier, fut créée la première médaille commémorative française.

 

Le décret impérial du 12 août 1857, signé au Palais de Saint-Cloud et contresigné par Achille Fould, ministre d'État, institue la décoration. Par elle, l’empereur Napoléon III, veut honorer par une distinction spéciale les militaires qui ont combattu sous les drapeaux de la France durant la Révolution et le Premier Empire. Pour en être bénéficiaire, c’est simple, il suffit d’avoir servi aux armées de terre ou de mer françaises entre 1792 et 1815, sans aucune durée de service requise, ni aucune participation à une campagne.

 

Par contre, il faut obligatoirement pouvoir justifier de son service durant cette période à l’aide de tout document émanant des autorités militaires. Si l’ancien militaire possédait encore son livret militaire, son congé définitif ou de réforme, son mémoire de proposition à la retraite, il y a droit. Malheureusement ceux qui les ont perdus, ne pourront pas prétendre l’obtenir.

 

Les titulaires porteront la distinction à la boutonnière, suspendue à un ruban vert et rouge. Le ministre secrétaire d’État et le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur, sont chargés, chacun en ce qui le concerne de l’exécution du décret qui fut publié le 13 août 1857 au Moniteur.

 

Les 20 et 28 août 1857 furent édictés deux décrets complémentaires précisant notamment que la distinction qui venait d'être créée, prendrait le nom de « Médaille de Sainte-Hélène ». Du camp de Chalons où se trouvait l'armée impériale, Napoléon III décide le 19 septembre 1857 l'ouverture d'un crédit de 210 000 francs pour assurer les dépenses afférentes à cette institution pour l'année 1857.

 

            Loin des 50 000 estimées par Jean-Baptiste Schweitzer, c’est plus de 400 000 « vieux débris des armées napoléoniennes » comme ils aiment se nommer eux-mêmes qui eurent l’honneur de porter la médaille.

  Il semblerait même d’après une de mes découvertes qu’il y a eu plus de 500 000 médailles de délivrés, mais sachant que certains vétérans en eurent deux, je pense que le chiffre de 400 000 médaillés différents peut être retenu.

La médaille

La médaille, de forme ronde, a une largeur de 30 millimètres pour une hauteur totale de 50 millimètres. Elle est en bronze patiné. Elle est entourée au recto, comme au verso d’un liseré de lauriers dont les extrémités se terminent dans une couronne impériale ornée de huit aigles qui tournent leurs têtes à droite. Au-dessus se situe un orbe surmonté d’une croix. Elle est suspendue à un ruban vert à cinq raies rouges. Sur l’avers de la médaille figure un profil de Napoléon Ier entouré de l’inscription circulaire :

Médaille de Sainte-Hélène recto

NAPOLÉON I EMPEREUR

Au revers de la médaille figure l’inscription circulaire :

CAMPAGNES DE 1792 A 1815

Ainsi que l'inscription suivante : 

A SES COMPAGNONS DE GLOIRE

SA DERNIÈRE PENSÉE

Ste HÉLÈNE 5 MAI 1821

Médaille de Sainte-Hélène verso

Sous le cou de l’Empereur, une petite ancre marine qui est la signature du graveur Albert Barre, graveur général des Monnaies. (Albert Désiré Barre (1818-1878), fils de Jean Jacques auquel il succéda au poste de graveur général à la Monnaie de Paris. C’est à lui que l’on doit notamment la gravure des monnaies du Second Empire à l’effigie de Napoléon III à tête laurée.)

médaille de Sainte-Hélène

Il existe trois réductions aux dimensions de 33, 20 et 16 millimètres, en or, en argent ou émaillées. Le petit modèle ne comporte pas l'ancre et l'inscription du revers est écourtée en trois lignes :

Sainte Hélène

5 mai

1821

 

Lors de la remise, elle est présentée dans une boîte en carton glacé blanc. Sur le couvercle apparaissent un aigle couronné et l’inscription :

« AUX COMPAGNONS DE GLOIRE DE NAPOLEON I – DÉCRET IMPÉRIAL DU 12 AOUT 1857. »

Carton médaille de Sainte-Hélène

Le récépissé

Lors de la distribution des médailles, le bénéficiaire devait signer un récépissé par lequel il reconnaît avoir reçu la médaille de Sainte-Hélène. Ces documents devaient être envoyés à la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur.

Récepissé du brevet de la médaille de Sainte-Hélène

Récépissé de Hubert Kratzmayer de Haguenau (sources AMH)

Sur le document figurent :

  • le nom du département,

  • le nom et prénom(s) du médaillé,

  • son grade,

  • le régiment dans lequel il a servi,

  • le lieu et la date de remise de la médaille,

  • la signature du bénéficiaire.

 

Tous les récépissés ne furent pas renvoyés à la Grande Chancellerie et au hasard des dossiers conservés dans les différents dépôts d’archives, on a la chance d’en découvrir.

Le brevet

Ces médailles sont accompagnées d'un brevet, d’un format de 29 x 19,9 centimètres et qui était édité par l’imprimeur Pascal, au centre duquel se trouve le dessin de l’avers de la médaille. Le diplôme indique le nom et le grade du titulaire, ainsi que le numéro d’inscription. Enfin, il porte le timbre sec de la Grande Chancellerie de l'Ordre Impérial de la Légion d'honneur et la signature du Grand Chancelier.

Brevet de la médaille de Sainte-Hélène

brevet de Charles Henry Payen (sources ASS RP28)

Les listes des bénéficiaires

LA FORMATION DES ÉTATS

Par dépêche télégraphique de Paris du 15 août 1857 à 3 h15, le ministre de l’Intérieur ordonne au préfet du Bas-Rhin de faire dresser immédiatement par les communes les états des militaires qui ayant servi entre 1792 à 1815 ont droit à la médaille instituée par le décret du 12 de ce mois. Il lui recommande d’envoyer ces listes sans retard.

 

Le 17 août, S. Migneret, préfet du Bas-Rhin, adresse à tous les maires du département une circulaire leur demandant, conformément aux ordres du ministre de l’Intérieur de dresser immédiatement, par commune, un état des militaires ayant droit à ladite médaille. Il leur rappelle qu’ils apportent le plus grand soin à la rédaction de ces recensements qui doivent comprendre le numéro d’ordre dans la commune, le nom, le(s) prénom(s), la date de naissance, la date d’entrée au service, la date de cessation du service, les grades ou distinctions conférés et les observations particulières.

 

Il désire aussi qu’aucun intéressé ne soit omis et que ces listes lui soient retournées avant le 15 septembre prochain.

Le 25 du même mois, le préfet transmet l’avis suivant, rédigé en français et en allemand, aux maires du département :

 

«… J’ai besoin que vous m’adressiez d’urgence, et dans les 24 heures au plus tard et directement, à la préfecture, l’état des militaires de votre commune ayant combattu sous les drapeaux de la France de 1792 à 1815, que je vous ai demandé par ma circulaire  du 17 août. Envoyez-moi d’abord ceux que vous connaissez et ensuite vous complèterez, s’il y a lieu, par des états supplémentaires.

J’attends de votre zèle une réponse immédiate. Vous laisserez en blanc les indications que vous ne pourriez pas remplir ; mais il est essentiel d’indiquer les noms et prénoms, la date approximative de la naissance et celle de l’entrée au service ainsi que le corps dans lequel le militaire a servi… ».

 

Le bureau de la 3e division de la préfecture avait en charge la constitution de la liste départementale des pétitionnaires susceptibles d’obtenir la médaille.

LE PREMIER ENVOI AU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR

Le 26 août 1857, le préfet envoie au ministre de l’Intérieur un état dressé sur la base des renseignements recueillis en vertu d’une circulaire de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur datée du 28 juin 1856, et consignés dans des tableaux dressés par le maire de chaque commune. Ce récapitulatif ne comprend donc, en principe, que des individus dont les pétitions d’anciens militaires ont été vérifiées par l’autorité locale. Le nombre des inscrits s’élève à 2261 anciens militaires. Dans plusieurs cas, la date d’entrée et de sortie du service n’a pu être indiquée. Il l’informe aussi qu’il a donné de nouvelles et urgentes instructions aux maires pour que le travail qu’il leur a demandé le 17 du mois d’août lui parvienne dans un bref délai. Il espère bientôt être en mesure de lui adresser un état supplémentaire qui viendra compléter celui de cet envoi. Il fait remarquer qu’il a divisé le travail par cantons et communes et que chaque cahier forme un canton.

 

Suite à l’avis du 25, la plupart des maires des communes rédigent et expédient les situations entre le 26 et le 29 août 1857. Dans le canton de Lauterbourg, c’est le commissaire cantonal qui s’occupe de la confection et de l’envoi des états, sauf pour les communes de Lauterbourg et de Schleithal.

LES PREMIÈRES DIFFICULTÉS DANS L’ÉTABLISSEMENT DES ÉTATS

L’établissement de ces états est facilité par le fait que dès 1850, des listes d’anciens militaires ayant servi dans les armées de la Révolution et du Premier Empire ont été dressées pour leur délivrer le cas échéant un secours. Malgré cela, certains maires avaient des difficultés à obtenir les renseignements demandés.

  • L’absence des intéressés

 Dans sa lettre, datée du 26 août 1857, le maire de Bischwiller informe le préfet :

 « …j’ai l’honneur de vous adresser sous ce pli l’état des militaires de 1792 à 1815 près desquels j’ai pu trouver quelques renseignements jusqu’aujourd’hui. Vous remarquerez, monsieur le Préfet, quelques lacunes, surtout au nom de M. le colonel Tortel. Elles proviennent de ce que ces messieurs sont absents et n’ont pas pu se présenter encore. J’aurai l’honneur de vous adresser un état complémentaire au plutôt… ».

 

  • Le manque de renseignements

 Le 4 septembre, le ministre de l’Intérieur renvoie la liste au préfet en lui précisant :

 « J’ai transmis à M. le Grand Chancelier de la Légion d’honneur la liste que vous m’avez adressé le 26 août dernier des anciens militaires qui ayant servi de 1792 à 1815, ont droit, à ce titre, à la médaille de Sainte-Hélène.

Son Excellence me fait remarquer que cette liste ne peut lui servir en l’état. Elle demande qu’en regard des noms des militaires vous indiquiez le grade de chacun d’eux et le régiment dans lequel ils ont servi. M. le Grand Chancelier désire en outre que vous fassiez connaître en marge si ces renseignements proviennent de la simple déclaration des intéressés ou s’ils résultent d’une production de pièces.

Veuillez compléter l’état d’après les indications qui précèdent et le lui renvoyer dans les plus brefs délais… ».

 

Le 7, Monsieur Reboul, secrétaire général délégué de la préfecture, adresse aux maires la circulaire :

 

« Pour répondre entièrement aux désirs du Gouvernement, dans la rédaction des états des militaires qui ont combattu sous les drapeaux de la France dans la période de 1792 à 1815, il est nécessaire de m’indiquer en regard du nom de chacun d’eux, leur grade et le régiment dans lequel ils ont servi. Il y a lieu, en outre, de faire connaître dans la colonne d’observations, si ces renseignements proviennent d’une simple déclaration ou s’ils résultent d’une présentation de pièces.

         Vous trouverez ci-joint l’état que vous m’aviez adressé ; veuillez le compléter d’après les indications qui précèdent et me le renvoyer par le retour de courrier… ».

 

  • Les enfants de troupe

 

Le maire de Lauterbourg :

 « …j’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le Préfet, de vouloir bien me faire connaître, si les enfants de troupe de l’époque, et qui antérieurement à 1815 n’avaient pas encore atteint l’âge voulu pour contracter acte d’engagement, auront également droit à la médaille annoncée par votre circulaire du 17 août… ».

 

Cette demande fut envoyée par erreur au ministre de la Guerre qui la transmit le 17 septembre au Grand Chancelier. Le 8 octobre, ce dernier répond au préfet :

« …je vous informe que les enfants de troupe sous l’Empire n’ont pas droit à cette médaille qui n’est donnée qu’aux militaires ayant fait campagne de 1792 à 1815… ».

 

  • Les gardes nationaux

 

Le 2 septembre, Migneret avait informé le ministre d’une lettre qu’il a eue du maire de Bischwiller, dans laquelle ce dernier lui annonce que plusieurs habitants de cette commune qui en 1815 ont été organisés en gardes nationaux d’élite et qui se sont trouvés au blocus de Sélestat, sollicitent l’honneur d’être compris dans les militaires ayant droit à la médaille de Sainte-Hélène. Il prie le ministre de lui faire connaître si les réclamants peuvent être inscrits sur les états supplémentaires qu’il fait dresser pour faire suite à son envoi du 26 août dernier.

 

Le 10 septembre le ministre lui répond, après consultation du Grand Chancelier, favorablement et le 12, M. Reboul adresse aux maires un avis dans lequel il les informe que suite à l’ordre de l’Empereur, tous les gardes nationaux qui pourront justifier par pièces authentiques avoir combattu en 1815 ou antérieurement, recevront la médaille de Sainte-Hélène. Il demande de lui adresser, sans aucun retard, les titres avec lesquels les gardes nationaux résidant dans leur commune peuvent appuyer leur réclamation. Le 6 août 1858, le Préfet fait préparer l’avis suivant aux maires :

 

« …Dans ma circulaire du 12 septembre dernier, je vous ai informé que tous les gardes nationaux qui pourront justifier par pièces authentiques avoir combattu en 1815 ou antérieurement sous les drapeaux de la France, recevraient la médaille de Sainte-Hélène.

Je suis informé que beaucoup de ces gardes nationaux, qui sont dépourvus de titres, se sont abstenus de se faire inscrire sur les listes de propositions.

Je vous prie de les inscrire sur des listes supplémentaires que vous m’adresserez sans retard.

Outre les indications du tableau qui fait suite à ma circulaire du 17 septembre 1857, vous aurez soin d’indiquer le bataillon et la compagnie où les gardes nationaux auront servi.

Ces déclarations seront vérifiées aux archives de la préfecture et celles qui auront été reconnues exactes pourront faire l’objet de propositions que j’adresserai à son Excellence le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur… ».

 

Le 13 octobre 1858, le maire d’Eckbolsheim au Préfet :

 « …J’ai l’honneur de vous informer qu’il y a encore dans notre commune quelques anciens militaires faisant partie d’une armée connue sous le nom de cohorte et qui étaient en garnison à Schléstadt au temps où cette ville était assiégée par les alliés en 1815. Plusieurs d’entre eux se sont déjà adressés à moi pour savoir si on ne pouvait pas leur accorder la médaille de Sainte-Hélène. Quoiqu’ils ne puissent pas présenter des pièces constatant leurs services, je prends la liberté de vous prier de vouloir bien m’informer s’il est encore temps de vous signaler les noms de ces vétérans et de m’adresser pour cet objet le cadre nécessaire… ».

 

Le 11 novembre, le préfet lui répond :

« …vous m’informez qu’il existe encore dans votre commune quelques anciens militaires qui ont servi dans les cohortes en 1815 et vous demandez si vous pouvez les inscrire sur une liste supplémentaire des postulants de la médaille de Sainte-Hélène, bien qu’ils ne soient munis d’aucun titre établissant leurs services.

Vous pouvez m’adresser la liste de ces anciens militaires et vous aurez le soin d’y indiquer avec précision leur âge, le corps où ils ont servi, la date de leur entrée au service, la date de la cessation de leur service, le grade qu’ils ont occupé.

Il n’existe plus de cadres imprimés pour cet objet… ».

  • Ayant combattu ou ayant servi, qui faut-il inscrire ?

 

A force de circulaires et d’avis n’utilisant pas toujours les mêmes termes, les maires ne savent plus trop qui inscrire sur les états. Le maire de Haguenau demande en date du 11 septembre des éclaircissements au préfet :

 

« …outre les anciens militaires compris sur les états, ils en existent qui sont entrés au service durant les dernières années de l’Empire, s’étaient trouvés sur les bords du Rhin, mais n’ont point fait de campagnes. Y a-t-il lieu de les comprendre également sur les états postérieurs ? Dans la circulaire du 17 août, vous vous servez de l’expression "ayant combattu" tandis que dans votre dépêche télégraphique du 24 du même mois, vous employez celle "ayant servi", ce qui laisserait supposer que tous les anciens militaires indistinctement ont droit à la médaille. Je vous prie de vouloir bien me fixer à cet égard… ».

 

Le 15, le Préfet lui répond :

 

« …j’ai l’honneur de vous faire connaître que tous les militaires qui ont servi dans la période de 1792 à 1815 ont droit à la médaille de Sainte-Hélène et que ceux qui ont porté les armes pour la défense des frontières comme gardes nationaux mobiles la recevront également s’ils justifient de leurs services par des pièces authentiques… ».

 

  • Le régiment n’a pu être déterminé

 

D’autre part, la dénomination des régiments dans les déclarations n’est pas toujours précise. Le 7 novembre 1857, la préfecture écrit au maire de Benfeld :

 

« …les indications inscrites sur l’état concernant le sieur Descolins François Xavier qui sollicite la médaille de Sainte-Hélène, n’ont pu être vérifiées attendu qu’il n’existe aux archives du département aucun contrôle du bataillon de tirailleurs que le pétitionnaire déclare avoir été formé en 1815 à Strasbourg.

         Ce contrôle n’existe pas non plus aux archives de l’état-major de la division.

Il y a donc lieu d’inviter le sieur Descolins à indiquer le bataillon et la compagnie de la garde nationale auxquels il appartenait avant d’être détaché au bataillon de tirailleurs en question… ».

 

Le 19 septembre, le préfet réexpédie la liste déjà envoyée fin août au ministre de l’Intérieur et la complète avec les informations demandées par la dépêche ministérielle du 10 de ce mois et augmentée de nouvelles demandes.

 

Les questions continuent d’affluer

 

Et les demandes, les questions et les recommandations en tout genre, n’arrêtent pas d’affluer au 3e bureau de la préfecture. Le sous-préfet de Sélestat :

 

« Le maire de la commune de Boofzheim croit de son devoir de recommander à la bienveillance du Gouvernement, le sieur LEHMANN Jean qui n’a pas de fortune ; qui a une femme atteinte depuis 12 ans d’aliénation et qui n’a, pour ainsi dire, aucun autre moyen d’existence que son traitement modique de garde de nuit… ».

 

Le sous-préfet de Wissembourg, les 2 et 13 octobre :

 

« Prière de bien vouloir me faire parvenir quelques états pour l’inscription des anciens militaires qui demandent la médaille de Sainte-Hélène… ».

 

Le sieur Mathias Stoltz, surveillant des travaux du génie militaire, résidant au 1, rue neuve traversière à Strasbourg, le 7 octobre :

 

« …il a servi dans l’armée Wurtemberg, natif de ce pays, faisant partie de l’armée française sous le commandant de M. le général Rapp. Il a fait les campagnes jusqu’à l’époque où les états se sont séparés de l’armée française. Il a pris son congé définitif en 1820 et depuis 37 ans, il est employé aux travaux du génie français…. Pour ces motifs il ose espérer, monsieur le Préfet, avoir droit au métail (sic) comme ancien militaire ayant servi sous les ordres de l’Empereur Napoléon Ier. Il vous prie donc très instamment, monsieur le Préfet, de faire demander ses services, les faire examiner et lui faire droit, s’il y a lieu, comme à ses camarades qui se sont trouvés dans le même cas. Il ose croire que vous daignerez d’accueillir favorablement sa prière, il vous en sera éternellement reconnaissant… ».

 

Le 12, le préfet écrit à ce sujet au commissaire central de police de Strasbourg :

 

« Le sieur Mathias Stoltz, surveillant des travaux du génie…Je vous prie de vouloir bien inviter le pétitionnaire à se pourvoir auprès des autorités de son pays pour l’obtention des titres qu’il sollicite… ».

 

Presque toutes ces interrogations sont transmises régulièrement au ministre de l’Intérieur qui les transfère au Grand Chancelier. Celui-ci donne son avis qui suit est envoyé au Préfet par le ministère de l’Intérieur.

 

  • Mesure prise par le gouvernement au sujet des états de service

 

Devant l’afflux des demandes d’état de service, le gouvernement décide et fait paraître le 10 octobre, un avis dans le Moniteur Universel qui rappelle aux anciens militaires qui se croient fondés à demander la médaille de Sainte-Hélène, qu’ils n’ont rien d’autre à faire que de se présenter devant les autorités municipales qui sont chargés de dresser les listes. Ils obtiennent leur inscription soit sur la présentation de titres, soit, à défaut, sur simple déclaration qui sera ensuite vérifié au ministère de la Guerre. Les demandes d’états de service formulées dans ce but, ne faisant qu’entraver la bonne marche des services, ne reçoivent plus aucune suite. Mais, malgré toutes ces mesures, il existe toujours d’anciens soldats qui ne figurent pas sur les listes dressées. Le 12, le préfet fait insérer dans le Recueil des actes de la Préfecture un avis aux anciens militaires reprenant les termes de l’avis paru au Moniteur Universel. Le 13 octobre, le préfet écrit au maire de Strasbourg :

 

« …Il résulte de l’examen des listes que vous avez dressées, des anciens militaires qui réclament la médaille de Sainte-Hélène, que ceux-là seulement y ont été inscrits qui ont pu produire leurs états de service.

         Il suit de l’avis paru le 10 octobre courant, que tous ceux qui se croient fondés à réclamer la médaille en question devaient obtenir leur inscription, soit sur la production de titres justificatifs, soit, à défaut de pièces, sur leur simple déclaration qui sera ensuite vérifié au ministère de la Guerre.

         Je vous prie donc de vouloir bien inviter tous les anciens militaires qui croiront avoir droit à la médaille, de se présenter de nouveau à la mairie où ils seront inscrits avec toutes les indications propres à faire retrouver leurs traces dans les (registres de) matricules déposés aux archives du ministère de la Guerre… ».

 

Si les déclarations s’avèrent exactes, le demandeur obtient la médaille.

 

  • Demande de renseignements supplémentaires

 

La chancellerie demande des renseignements complémentaires au sujet du sieur Loos de Sermersheim. Le préfet lui répond le 7 septembre :

 

« …J’ai l’honneur de transmettre à votre Excellence les explications et pièces produites par le sieur Loos Joseph de Sermersheim, à l’effet d’obtenir la médaille de Sainte-Hélène.

         Cet ancien militaire est inscrit sous le n°8 sur l’état de proposition que j’ai eu l’honneur d’adresser à votre Excellence le 27 août dernier.

         Il déclare être entré au service en 1809 et avoir obtenu un congé de réforme en 1813 ou 1814 comme grenadier du 69e de ligne.

         Je prie Votre Excellence de vouloir bien faire vérifier l’exactitude de cette déclaration et de me faire parvenir, s’il y a lieu, la médaille et le brevet destinés au sieur Loos… ».

 

Le 23 septembre, la médaille du sieur LOOS est envoyée au maire de Sermersheim afin qu’il la lui remette.

  • Militaires résidant dans un autre département

 

Il arrive que des militaires aient déménagé dans un autre département. La réclamation de la médaille se faisant au lieu de domicile, c’était donc dans le lieu de résidence que les demandeurs sollicitaient la distinction. Si le déménagement avait eu lieu depuis l’établissement des premières listes, le Préfet se renseignait auprès de leur confrère pour savoir si le requérant n’avait pas été inscrit sur une des listes dressées dans la commune de sa résidence précédente. Le 21 juin 1858, le préfet de la Seine-et-Oise écrit au préfet du Bas-Rhin :

 

« …cher collègue,

Un sieur Berr Mathieu, né à Haguenau, domicilié en dernier lieu à Strasbourg, s’est présenté dans mes bureaux pour demander son inscription pour obtenir la médaille de Sainte-Hélène, comme ayant servi activement dans la 3e compagnie de chasseurs du 3e bataillon d’élite de la garde nationale du Bas-Rhin.

         Je vous prie de me faire connaître, afin d’éviter une double demande, si le sieur Berr n’aurait pas déjà été compris sur les listes dressées dans votre département… ».

 

Après des recherches, le préfet du Bas-Rhin lui répond :

 

« …vous m’avez fait l’honneur de me demander par lettre du 21 juin dernier, si le sieur Berr Mathieu, natif de Haguenau, qui a demandé son inscription sur les listes dressées dans votre département pour la médaille de Sainte-Hélène, ne figure pas déjà sur les listes de mon département.

         Je n’ai trouvé sur ces dernières listes aucune inscription concernant le sieur Berr… ».

 

 

Le 19 mars 1959, la préfecture demande au préfet du Haut-Rhin des renseignements concernant la délivrance de la médaille de Sainte-Hélène à Landverlé Charles de Bouxwiller :

 

« …J’ai l’honneur de vous communiquer une lettre dans laquelle le sieur Landverlé Charles, employé aux mines de Bouxwiller, rappelle que M. le maire de Huningue a fait, dans le temps, des propositions pour lui faire obtenir la médaille de Sainte-Hélène.

         Je vous prie de vouloir bien examiner si la médaille et le brevet de cet ancien militaire ne vous sont pas parvenus, et dans l’affirmative, me les adresser pour être remis au titulaire… ».

 

  • Inscrit ou pas ?

 

Le 4 décembre 1857, le 3e bureau répond à une demande du préfet :

 

« …Monsieur le préfet a demandé si Monsieur le colonel Poirot était inscrit sur les listes des postulants.

         M. Le colonel Poirot est inscrit sur une liste supplémentaire dressée à la mairie postérieurement au 8 octobre dernier. Cette liste va être amalgamée dans le travail dont on s’occupe à la préfecture et qui va être envoyé prochainement à Paris… ».

 

  • Contrôle des listes à la Grande Chancellerie

 

Dès leur arrivée au ministère de l’Intérieur, les listes sont transmises à la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur qui a en charge leur vérification. Là trois possibilités se présentaient pour les demandeurs :

 

  1. l’acceptation de la demande avec délivrance de la médaille et du brevet,

  2. l’ajournement pour cause de manque d’informations d’où découle une demande de renseignements supplémentaires adressée au Préfet,

  3. la radiation de la liste parce que le déclarant n’a pas servi dans les armées de la Révolution ou du Premier Empire ou qu’il ai été enfant de troupe ou qu’il ai été condamné.

 

Le 10 novembre 1857, le grand chancelier écrit au préfet :

 

« …d’après les états qui mon été transmis par Son Excellence le ministre de l’Intérieur, le nombre des anciens militaires qui peuvent avoir des droits à la médaille de Sainte-Hélène serait 710 pour l’arrondissement de Saverne.

         La vérification de ces états dans les bureaux de la Grande Chancellerie a constaté les droits de la plupart des anciens militaires portés sur ces listes. Toutefois il y a lieu de surseoir pour 43 personnes dont les noms figurent sur l’état ci-joint et pour lesquelles de plus amples renseignements sont indispensables. L’une d’elles, le sieur Franch condamné, libéré en surveillance, est éliminé… ».

Tableau montrant l'évolution du travail effectué entre août et septembre 1857

On constate déjà à ce moment, un ajout de 1873 militaires qui représente une augmentation de 71 %, ce qui laisse à penser que beaucoup d’anciens militaires ont dû être omis.

L’ENVOI DES ÉTATS SUPPLÉMENTAIRES

  • Les états supplémentaires

 

Le 28 octobre, le préfet envoie au Grand Chancelier un premier état supplémentaire d’anciens militaires qui demandent la médaille de Sainte-Hélène. Cette liste comprend exclusivement des gardes nationaux ayant participé à la défense des places de Strasbourg, Landau, Sélestat, Huningue et Neuf-Brisach en 1814 et 1815. Le nombre de ces nouveaux requérants s’élève à 57.

 

Le 28 décembre 1857, le Préfet envoie un second état au grand chancelier de la Légion d’Honneur comprenant 488 noms d’anciens militaires. Il ne s’agit que de gardes nationaux d’élite. Ce troisième envoi fait passer à plus de 4000, le nombre de demandeurs.

 

Le 6 avril, il expédie une troisième liste complémentaire comprenant 145 nouveaux requérants, en le priant le la transmettre au grand chancelier de la légion d’honneur.

 

Le 27 août 1858, le préfet envoie au grand chancelier une nouvelle liste supplémentaire comprenant 50 noms. Dans le courrier d’accompagnement il écrit :

 

« …Votre Excellence m’a fait l’honneur de me renvoyer depuis le 31 mars un certain nombre de demandes d’anciens militaires tendant à obtenir la médaille de Sainte-Hélène, en m’invitant à les comprendre sur une liste supplémentaire, s’ils ne figuraient pas sur les listes de propositions déjà transmises par moi.

         J’ai éliminé celles de ces demandes qui formaient double emploi et j’ai inscrits les autres sur la liste supplémentaire ci-jointe … ». 

 

Le 3 décembre 1858, le préfet envoie au ministre de l’Intérieur une cinquième liste supplémentaire de demandeurs comprenant 115 nouveaux noms.

 

Le 18 juillet 1859, il renvoie au Grand Chancelier de la Légion d’Honneur une sixième liste supplémentaire comprenant 42 noms.

 

Le 12 novembre 1859, une septième liste de 22 noms est adressée aux autorités parisiennes qui ont en charge la délivrance des médailles de Sainte-Hélène.

 

Le 20 avril 1860, une huitième liste supplémentaire est dressée et expédiée au ministre de l’Intérieur, 12 nouveaux requérants y figurent.

 

Le 20 décembre 1860, une neuvième liste supplémentaire est expédiée au ministre de l’Intérieur. Elle comprend 13 anciens militaires.

 

Le 19 juillet 1862, une dixième liste supplémentaire comprenant 17 demandeurs est dressée. Le 22 mai 1863, le préfet écrit au Grand Chancelier :

 

« …le 19 juillet 1862, j’ai adressé à son Excellence M. Le ministre de l’Intérieur (cabinet du ministre) pour la faire parvenir une 10e liste supplémentaire….

         Cette liste renfermait 17 noms. Elle n’a reçu encore aucune suite et le sieur Weber, qui y figure, sous le n° 14 réclame dans la lettre ci-jointe la médaille qu’il a demandée.

         Je prie votre Excellence de vouloir bien me faire connaître la décision qui a été prise sur mes propositions du 19 juillet dernier… ».

 

  • Les états individuels

 

Le 27 février 1858, il envoie une demande individuelle au ministre de l’Intérieur. Il y figure le nom de Rochas Joseph Charles qui est le beau-père du commissaire central de police de Strasbourg. Le 10 avril, le préfet fait une demande pour le nommé Vincent Aloïs où il écrit :

 

« …cet ancien militaire s’est fait inscrite dès le principe sur les listes dressées à la mairie de Strasbourg, mais, suivant les instructions de votre Excellence, portant que les enfants de troupe n’avaient pas droit à la médaille, il n’a pas été maintenu sur les listes. Le réclamant expose qu’il a servi sous les drapeaux de 1804 à 1815. Je prie votre Excellence de vouloir bien examiner les titres du pétitionnaire et me faire connaître sa décision… ».

 

Fin 1858, il envoie une demande en faveur du sieur Romoser. Le 8 décembre 1858, il écrit au grand chancelier :

 

« …Monsieur Martha François Joseph, âgé de 83 ans, ancien greffier du tribunal de commerce de Strasbourg sollicite la médaille de Sainte-Hélène, comme ancien militaire de la République et de l’Empire

         Il a produit à l’appui de sa déclaration :

  1. son congé définitif délivré le 9 thermidor an VIII,

  2. sa commission de sous-lieutenant de la 3e compagnie du centre de la 3e cohorte urbaine, de la légion des gardes nationaux de Strasbourg en date du 7 avril 1814,

Je prie votre Excellence de vouloir bien me faire parvenir une médaille et un brevet pour le sieur Martha… ».

 

            Le 16 décembre 1858 :

 

« …Le sieur Ehrmann Victor, rentier à Bade (Bade) s’est présenté dans mes bureaux à l’effet de former sa demande pour l’obtention de la médaille de Sainte-Hélène.

         Il a produit à l’appui de

sa déclaration sa commission de sous-lieutenant à la 2e compagnie de chasseurs du 1er bataillon de la garde nationale de Strasbourg, en date du 10 juin 1815… ».

 

            Dans la marge, il insère la remarque suivante :

 

« …M. Ehrmann qui réside à Bade viendra chercher sa médaille au printemps prochain… ».

Le 17 novembre 1863 :

 

« …J’ai l’honneur de transmettre à votre Excellence une demande du sieur Matz Jean Pierre, demeurant à Strasbourg qui sollicite la médaille de Sainte-Hélène….

         Je vous prie de vouloir bien faire examiner les titres du postulant et me faire connaître votre décision… ».

 

            Le 1er février 1864, Matz envoie une lettre de relance au préfet.

 

            Le 30 janvier 1865 :

« …J’ai l’honneur de vous transmettre une pétition dans laquelle le sieur Duret François, employé du bureau de bienfaisance de Strasbourg, sollicite la médaille de Sainte-Hélène…

         Le postulant a servi comme volontaire dans le corps des partisans de la Meurthe, n’a reçu aucun licenciement, aucun congé ni état de service et ne peut justifier qu’en rappelant les noms du colonel commandant et de quelques officiers du corps. C’est un brave homme qui paraît digne de foi.

         Je suis d’avis que sa demande est susceptible d’être accueillie… ».

 

            En annexe de ce courrier figure une note sur laquelle on peut lire :

 

« …recommandé par M. le commissaire central de Strasbourg… ».

 

Aléas survenus au cours de l’instruction des demandes

 

La rapidité avec laquelle les premières listes avaient été établies, découle des erreurs à tous les niveaux. En janvier 1858, le maire d’Altenstadt adresse une missive au sous-préfet de Wissembourg :

 

« …le sieur Milliet, ancien militaire avait été porté sur ma liste qui a été transmise à Monsieur le Préfet et mention avait été faite de son congé régulier et cependant la médaille ne lui a pas été décernée jusqu’à présent. Il paraît par omission. Je vous prie donc Monsieur le sous-préfet de la demander pour lui, attendu qu’il en a le droit… ».

 

Mais il arriva aussi qu’une liste se perde dans le circuit. Le 21 juillet 1858, le préfet réclame les médailles de 57 requérants. Le grand chancelier lui répond le 27 du même mois :

 

« …Par votre dépêche du 21 juillet vous me réclamez des médailles de Sainte-Hélène pour 57 gardes nationaux d’élite compris sur une liste spéciale que vous m’auriez adressée à la date du 27 octobre 1857.

C’est en vain, monsieur le Préfet, que j’ai fait rechercher dans mes bureaux la liste dont vous me parlez. Soit que son Excellence, monsieur le ministre de l’Intérieur ne me l’ait pas transmise, soit qu’elle ait été égarée, il n’en existe aucune trace à la chancellerie. Je vous prie donc de vouloir bien m’en envoyer un duplicata et je vous transmettrai aussitôt médailles et brevets pour le titulaire qu’elle comprendra… ».

 

Le 6 août, le Préfet écrit au grand chancelier :

 

« …j’ai l’honneur d’adresser ce duplicata à votre Excellence en la priant de vouloir bien faire expédier d’urgence les brevets de ces anciens militaires et me les faire parvenir le plus tôt possible pour que je puisse les faire participer à la distribution que je ferai le 15 août des médailles qui me sont parvenues dernièrement… ».

 

Le 2 novembre 1859, le préfet répond au Grand Chancelier que le sieur Dukerley Joseph Isidore a bien servi dans la garde nationale du Bas-Rhin, mais ne réside pas dans son département.

 

« … votre excellence m’a fait l’honneur de me transmettre la demande ci-jointe du sieur Joseph Isidore dit Dukerley, avec l’invitation de l’inscrire sur un état supplémentaire de proposition pour la médaille de Sainte-Hélène, si, d’ailleurs, il prouve par pièces authentiques qu’il y a droit.

         Le pétitionnaire est domicilié à Verdun (Meuse). Je n’ai donc pu vérifier l’exactitude de sa déclaration en ce qui concerne ses services au 57e régiment de ligne ; mais j’ai constaté qu’il figure aux contrôles de la garde nationale d’élite du Bas-Rhin, formée le 1er mai 1815, comme sergent major de la 3e compagnie du 7e bataillon.

         Si votre Excellence le juge à propos, ces renseignements pourraient être communiqués à M. le préfet de la Meuse, qui comprendrait le pétitionnaire dans ses propositions… ».

ÉTAT RÉCAPITULATIF

des anciens militaires ayant demandé la médaille de Sainte-Hélène dans le département du Bas-Rhin.

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