top of page

Le Bas-Rhin

bas_rhin_1790.jpg

La description

Le nom du département du Bas-Rhin tire son nom du fleuve qui le borde à l’Est et de sa position sur ce fleuve. Il est bordé au Nord par le département du Mont-Tonnerre, à l’Est par le Rhin, au Sud par le Haut-Rhin et les Vosges et à l’Ouest par la Meurthe et la Moselle. Il est constitué de l’ancienne Basse-Alsace.

1. La composition

 

Cette division administrative, d’une superficie de 498 501 hectares, est composée de 634 communes et divisée en quatre arrondissements, à savoir :

  • Barr composé de 8 cantons et de 115 communes. Par la suite, cet arrondissement prend le nom de la ville de Sélestat

  • Saverne composé de 7 cantons et de 165 communes

  • Strasbourg composé de 12 cantons, dont 3 pour la ville de Strasbourg et de 167 communes

  • Wissembourg composé de 10 cantons et de 182 communes.

 

2. La population

En l’an VIII, Laumond, alors préfet, ordonne un recensement de la population. Il en résulte qu’il existe 448 683 « âmes ». Elles se répartissent en 86 140 hommes mariés ou veufs, 96 410 femmes mariées ou veuves, 113 727 hommes de tout âge, 138 203 filles de tout âge et 14 203 défenseurs de la patrie. En citant ce dernier nombre, il précise « vivants ». En 1807, le nombre d’habitants du département est évalué à 514 096 personnes, soit une augmentation d’environ 15%. La même année, on compte 14 445 hommes sous les drapeaux. A la fin de la période étudiée, dans son annuaire pour les années 1814, 1815 et 1816, Fargès-Méricourt, estime à 532 112, le nombre d’habitants du département. Il reste l’un des dix départements les plus peuplés de France et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la population n’a point diminué, mais a progressé de près de 19%.

 

Les archives départementales du Bas-Rhin, conservent dans le dossier 3M3, un certain nombre de rapports, adressés au ministre de l’Intérieur, sur la situation politique, morale et économique du département. Ils couvrent la période du Consulat et du Premier Empire. Ces rapports sont toutefois à analyser avec une certaine circonspection.

 

En l’an X, Laumond confirme que la confiance dans le gouvernement requiert tous les jours plus de solidité. Les habitants de ce département lui sont entièrement dévoués, la tranquillité règne dans tous les esprits. Il informe aussi le ministre qu’il y a peu de département où le nombre de juifs soit aussi considérable surtout à la campagne et la constitution en leur donnant l’état-civil se proposait de les associer à l’agriculture et aux métiers. Cela a été manqué, car il continue de vivre comme auparavant de l’usure. Lors des statistiques du premier semestre de 1806, un dénombrement exact des juifs est fait. Sur l’ensemble du territoire du département, on compte 16 398 juifs, soit une augmentation de 4 686 par rapport au relevé de 1784. Dans l’arrondissement de Wissembourg, on en dénombre 4 359.

3. Les principales ressources

Les principales ressources du département sont :

  • la forêt : sa superficie est en l’an VIII de 376 741 arpents, dont 202 147 arpents de forêts nationales, le reste en bois communaux ou particuliers. Les deux principales sont celle de Haguenau et celle de Béwald [Bienwald] qui comptent chacune plus de 30 000 arpents. Elle est peuplée principalement de chênes, de hêtres, de pins, de sapins et de mélèzes. On y voit aussi rarement le grand érable. Les autres variétés sont l’orme, l’aune, le frêne, le tremble, le merisier, le bouleau et le châtaignier.

  •  Les eaux minérales : il existe plusieurs sources minérales sur l’étendue du département, les trois principales sont celles de Niederbronn, de Châtenois et de Holtzheim. Les chimistes les divisent en quatre classes, à savoir salino-ferrugineuses, salines, hydrosulfuriques et bitumeuses. Celles de Niederbronn sont dites en l’an XIII « abondantes et plus chaudes que celles des puits et des rivières » et en 1814          « froides ».

  •  L’agriculture : L’annuaire de l’an XIII, rédigé par Fargès-Méricourt, nous relate « que la culture des champs est portée à un grand point de perfection et la fertilité du sol y répond à l’activité de l’agriculteur. L’assolement des terres est inconnu dans cette contrée et depuis fort longtemps on ne sait ce que c’est que jachères ». Les principales cultures sont la garance, le tabac, les grains, le chanvre et le vin. La garance se cultive essentiellement sur le ban de la commune de Haguenau et représente une surface de 1 500 arpents en l’an XIII. La culture du tabac représente environ 2 000 arpents et se concentrent sur les cantons Barr, Benfeld, Erstein, Marckolsheim, Molsheim, Oberhausbergen, Obernai, Soultz, Strasbourg et Truchtersheim. La récolte annuelle est de 120 000 à 130 000 quintaux. L’espèce est celle dite du Palatinat qui est une variété de celle de Virginie ou du tabac commun à feuilles grandes, larges. Quant au vin, on le répartie en trois classes. Il a bonne réputation pour sa qualité supérieure. L’élevage de chevaux fait partie de la tradition du pays. Lors du recensement de l’an VIII, on a compté 51 803 chevaux et poulains.

  •  Le commerce et l’industrie : A la fin de l’an IX, on dénombre 6 974 fabriques dans le Bas-Rhin qui emploie environ 30 000 personnes. Les plus importantes sont 3 365 ateliers de tisserands, 838 ateliers de tonnellerie, 313 fabriques d’eau de vie de grains, 300 fabriques ou moulins à huile, de pavot, navette, noix, …, 240 ateliers de tannerie, 228 fabriques de cordes, 189 fabriques de tuiles et de briques, 109 fabriques de bas en laine, en coton et en lin, …. Le câble de Strasbourg est très renommé ainsi que le cordeau.La fabrique de graisse d’asphalte est la plus considérable de France. A l’autre bout, on découvre 2 fabriques d’amadou, 6 fabriques de crics, ce sont les seules qui existent en France, 1 fabrique d’émail, 1 fabrique de pipes de terres, ….

L'arrondissement de Wissembourg

L’arrondissement de Wissembourg est désigné dans les divers annuaires statistiques durant le Premier Empire, 1er arrondissement du Bas-Rhin.

 

1. La composition

Il se compose de dix cantons, à savoir :

  • BERGZABERN composé de 23 communes (Appenhoffen, Barbelroth, Bergzabern, Billigheim, Capellen, Clingen, Dierbach, Doerrenbach, Gleishorbach, Gleiszellern, Hergerswiller, Heuchelheim, Ilbesheim, Klingenmunster, Maertzheim, Muehlhofen, Niederhorbach, Oberhausen, Oberhofen, Oberotterbach, Pleisweiler, Rohrbach et Wollmesheim)

  • CANDEL composé de 16 communescommunes (Candel, Erlenbach, Freckenfeld, Hatzenbuhl, Hayna, Hoerdt, Jockgrim, Minfeld, Muenchwiller, Rheinzabern, Rueltzheim, Schaidt, Steinweiler, Vollmersweiler, Winden et Woerth)

  • DAHN composé de 15 communescommunes (Baerenbach, Bobenthal, Bruchweiler, Bundenthal, Busenberg, Dahn, Erfweiler, Erlenbach, Fischbach, Hauenstein, Hinderweidenthal, Lauterschwan, Niedersteinbach, Schindhard et Schlettenbach)

  • LANDAU composé de 19 communes (Altdorf, Annweiler, Artzheim, Dammheim, Eschbach, Essingen, Freischbach, Gommersheim, Herxheim, Herxheimweyer, Ingenheim, Landau, Niederhochstadt, Nussdorf, Oberhochstadt, Queichheim, Ransbach,  Waldhambach et Waldrohrbach)

  • LAUTERBOURG composé de 11 communes (Berg, Buchelberg, Hagenbach, Lauterbourg, Neewiller, Neubourg, Niederlauterbach, Pfortz, Salmbach, Scheibenhard et Schleithal)

  • NIEDERBRONN composé de 20 communes (Bitschhoffen, Dambach, Engwiller, Griesbach, Gumbrechtshoffen, Gundershoffen, Kindwiller, Mertzwiller, Mietesheim, Niederbronn, Oberbronn, Offwiller, Reichshoffen, Rothbach, Uberach, Uhrwiller, Uttenhoffen, Walck (la), Windstein et Zinswiller)

  • SELTZ composé de 18 communes (Aschbach, Beinheim, Buhl, Croettwiller, Eberbach, Kesseldorf, Mothern, Munchhausen, Niederroedern, Niederseebach, Oberlauterbach, Oberseebach, Schaffhouse, Seltz, Siegen, Stundwiller, Trimbach et Wintzenbach)

  • SOULTZ composé de 25 communes (Birlenbach, Bremmelbach, Drachenbronn, Hatten, Hermerswiller, Hoffen, Hohwiller, Hunspach, Ingolsheim, Keffenach, Kuhlendorf,  Kutzenhausen, Leiterswiller, Lobsann, Memmelshoffen, Niederbetschdorf, Oberbetschdorf, Oberroedern, Reimerswiller, Retschwiller, Rittershoffen, Schoenenbourg, Schwabwiller, Soultz et Surbourg)

  • WISSEMBOURG composé de 17 communes (Altenstadt, Capsweyer, Cleebourg, Climbach, Lembach, Niederotterbach, Oberhoffen, Rechtenbach, Riedseltz, Rott, Schweigen, Schweighofen, Steinfeld, Steinseltz, Weiler, Wingen et Wissembourg)

  • WOERTH composé de 22 communes (Biblisheim, Dieffenbach, Durrenbach, Eberbach, Eschbach, Forstheim, Froeschwiller, Goersdorf, Gunstett, Hegeney, Lampertsloch, Langensoultzbach, Laubach, Mattstall, Mitschdorf, Morsbronn, Nehwiller, Oberdorf, Preuschdorf, Spachbach, Walbourg et Woerth)

 

2. La situation de l’arrondissement

Il est, lors du recensement de l’an VIII et après l’arrondissement de Saverne, le second en nombre d’âmes en comptant 116 780 personnes. Le 26 fructidor an X (13 septembre 1802) le sous-préfet Frantz rédige le tableau général de la situation de l’arrondissement communal de Wissembourg. Comme pour ceux réalisés par les différents préfets, le contenu doit être pris avec une certaine prudence. Pour que le lecteur puisse se faire une idée assez précise de l’arrondissement à un moment donné de cette période, nous avons opté pour une transcription intégrale du document conservé aux Service Historique de la Défense.

Chapitre 1er – Sûreté publique

 

  • Observation générale.

 

La sûreté publique résulte d’une disposition constante et uniforme des citoyens à respecter les droits d’autrui et à se soumettre aux lois et arrêtés du Gouvernement. Dans ce sens, on peut dire avec vérité que la sûreté publique n’a pas été troublée dans l’arrondissement de Wissembourg pendant l’an X. Le plus grand calme a constamment régné, aucun mouvement insurrectionnel ne s’est manifesté, aucune commotion anti-civique ne s’est fait sentir ; les malveillants qui sont en très petit nombre, mais parmi lesquels se trouvent, malheureusement des hommes en place, se sont bornés à répandre de temps à autre des pamphlets dont le principal but était de vilipender quelques fonctionnaires civils ou militaires qui jouissent de l’estime et de la confiance générale de leurs concitoyens, à jeter des germes de division parmi les différentes religions, à déprécier les opérations de l’administration et à détacher s’il était possible les citoyens de l’amour que le rétablissement de l’ordre et le retour de la paix ont fait naître en leurs cœurs pour les personnes qui tiennent les rênes de l’État, mais toutes ces manœuvres ténébreuses, toutes les criailleries des sots dont ces turbulents sont généralement couverts ; le langage véridique de l’administration a triomphé, elle a pris toutes les mesures qui étaient en son pouvoir pour découvrir les auteurs fauteurs et distributeurs de ces indécentes diatribes et de les saisir en flagrant délit, néanmoins les recherches ont été infructueuses quoique le public montre au doigt les hommes qui dirigent ces sortes d’opérations.

Si la sûreté publique a été grande et parfaite, il n’en était point le même de la tranquillité individuelle ; les bons citoyens ont eu à gémir de cinq assassinats et d’un incendie prémédité commis et consommés à la campagne, mais l’on peut dire avec vérité que ces crimes n’étaient accompagnés d’aucun caractère de férocité ; ils n’étaient pas l’ouvrage de brigands ou d’assassins organisés en bandes mais uniquement la suite de rixes et d’altercations qui ont eu lieu entre particuliers ; les officiers de police administrative et judiciaire ont fait dans ces circonstances tout ce qui était de leur ministère, mais aucun coupable n’a été saisi et cela sans doute parce qu’il existe dans cet arrondissement quelques localités comme la proximité du Rhin et les bois immenses dont les Vosges sont couverts qui favorisent singulièrement la fuite des criminels ; à ce sujet il serait à souhaiter qu’il fut fait avec les états de l’Allemagne sur la rive droite du Rhin des conventions qui facilitassent aux gendarmes les poursuites et l’arrestation des coupables dans les pays dans lesquels ils se sont sauvés.

 

  • Mendicité et vagabondages

 

Ce fléau de la société a été presque entièrement extirpé dans le cours de l’an X par l’effet des mesures répressives qui ont été prises par le sous-préfet contre les mendiants forains et s’il en existe encore quelques traces dans les mendiants voyageurs qui parcourent les communes de cet arrondissement venant de la ci-devant Lorraine et du pays de Pirmasens, il faut espérer qu’elles disparaîtront peu à peu en l’an XI par la défense générale de tolérer cette espèce de gens dans les communes ;

Cependant il est une autre source de la mendicité et par suite du vagabondage qui mérite plus particulièrement l’attention du gouvernement c’est la trop grande facilité avec laquelle l’on permet aux étrangers et surtout aux indigents forains de se fixer dans les communes ; ces sortes de gens choisissent ordinairement les communes riches en forêts et communaux et où il y a, par conséquent, beaucoup de jouissances communales ; les chefs de familles et leurs enfants en état nourrissent de délits forestaux [sic] et champêtres tandis que leurs femmes et les enfants en bas âge rodent en mendiant les villages voisins et c’est ainsi que cette population parasite diminue la jouissance du citoyen établi et laborieux sans rien contribuer aux charges auxquelles celui-ci est assujetti envers l’État. Les remèdes à cet inconvénient dont les funestes suites se feront sentir davantage à l’avenir seraient sans contredit de consulter plutôt le vœu des habitants et des autorités locales que la régularité des passeports et des certificats souvent mensongers dont ces gens sont porteurs pour décider de leur admission dans les communes.

 

  • Brigandage

 

L’arrondissement a été assez tranquille de ce côté pendant l’an X à l’exception de quelques tentatives de vols avec effraction et en bandes commises par cette espèce de voleurs que l’on nomme communément « Bohémiens (Zigeuner) » et dont les forêts des gorges de Dahn et plus encore celles limitrophes de la Moselle et du Mont-Tonnerre favorisent depuis plusieurs siècles les retraites ténébreuses, cependant les excès de ces peuplades de vagabonds sont assez rares du moins dans les contrées qu’ils ont choisies pour leur séjour et ils forment plutôt une sorte de mendiants incommodes qui à l’aide de la terreur secrète qui accompagne leur existence, mettent à contribution les campagnards des endroits voisins pour s’assurer la subsistance sans travailler. Il faut encore ajouter sur cet article que par l’effet des mesures prises par le sous-préfet l’arrondissement a été presque entièrement délivrés de cette classe particulière de voleurs à la grande satisfaction des habitants et c’est particulièrement aux efforts de la gendarmerie nationale qu’est dû ce succès ainsi qu’il en a été rendu compte dans les situations précédemment fournies.

 

  • Maisons de jeu

 

Il n’en existe point dans l’arrondissement cependant la passion pour les jeux de hasard avait commencé à prendre dans quelques communes au grand préjudice du repos de l’intérieur des familles, des mesures ont été aussitôt prises pour défendre la circulation de ces sortes de jeux avec ordre aux maires et aux gendarmes d’arrêter de suite les spéculateurs ambulants qui en étaleraient le dangereux appât dans le public et il faut espérer que cette passion naissante sera étouffée avant de faire d’ultérieurs progrès.

 

  • Police rurale

 

La police rurale telle qu’elle est organisée aujourd’hui n’est que peu efficace et quoique les délits champêtres soient dans tout l’arrondissement assez fréquents, il est rare de voir que les tribunaux de police se trouvent saisis de la punition des délinquants ; parmi les causes accessoires de ce relâchement il faut compter sans doute le mauvais choix des gardes champêtres, l’irrégularité avec laquelle les communes les payent, la facilité que trouvent tant des gens étrangers de se fixer dans les communes et peut-être la démoralisation plus générale que la Révolution et la guerre ont amenés à leur suites, mais la cause principale semble devoir être attribuée au trop grand nombre de formalités exigées pour parvenir à la poursuite et à la punition des délinquants ; l’expérience nous apprend que plus en pareil cas l’action de la police est prompte et rapide plus que la peine suit de près le délit et mieux elle atteint le but pour lequel elle est instituée. Le remède le plus efficace à ces inconvénients serait donc sans contredit de ranger la connaissance et la punition des délits champêtres dans les attributions des maires des communes en les autorisant d’édicter des amendes contre les coupables en raison des dégâts par eux commis.

 

  • Police forestière

 

L’on se plaint encore généralement de la multitude des délits forestaux [sic] et du peu d’efficacité des mesures répressives que les lois fournissent ; les mêmes causes accessoires indiquées dans l’article précédent trouvent encore leur application ici. Les agents forestiers se plaignent de l’inexécution des jugements qui sont prononcés contre les coupables, laquelle cependant la pauvreté absolu des délinquants rend assez ordinairement impossible et d’un autre côté la contrariété qui existe dans les dispositions de l’ordonnance des eaux et forêts de 1669 et celles de la loi du 20 messidor an III laquelle dernière est particulièrement suivie par le tribunal de l’arrondissement est selon eux la seconde cause principale de l’augmentation des délits et de la hardiesse avec laquelle ils sont commis par les délinquants.

 

Chapitre 2 – Subsistances

 

Les lois sur la libre circulation, celles sur la prévention du monopole et de l’exportation des grains sont exactement observées et si la modicité de la récolte le manque presque absolu des fourrages et des autres cultures d’été qui dans ce pays servent à la nourriture des bestiaux, font entrevoir quelque cherté pour l’hiver prochain l’esprit industrieux et prévoyant de l’habitant, son économie et les privations qu’il sait s’imposer au cas de besoin doivent dispenser l’administration des craintes d’une disette absolue et désastreuse. Les états particuliers de la récolte de l’an X n’étant point encore parvenus à la sous-préfecture l’on ne peut en indiquer quant à présent la situation, mais l’on peut dire avec assurance qu’elle suffira avec de l’économie pour conduite jusqu’à la récolte de l’année prochaine.

 

Chapitre 3 – Commerce

 

Il n’y a que peu ou même point de commerce dans l’arrondissement attendu que les habitants se nourrissent presque exclusivement de l’agriculture ; le commerce de transit qui avant la Révolution se faisait sur la rive gauche du Rhin et qui avait beaucoup contribué à l’aisance des communes riveraines de ce fleuve a tout à fait cessé tant par le mauvais état des routes qui sur cette partie comme dans le reste de l’arrondissement sont tout à fait abandonnées, que par les entraves que l’établissement des douanes et celui encore plus onéreux des barrières ont apporté à ce commerce et qui a fait préférer aux commerçants le passage sur la rive droite d’autant plus, que les états de l’Allemagne et notamment le Prince de Bade se sont efforcés à les favoriser de toutes les manières dans la vue d’attirer cette source assez féconde de richesses dans leurs pays. Quant à l’importation des marchandises prohibées et à leur vente dans l’intérieur l’indépendance absolue de l’administration des douanes et le peu de relations que le sous-préfet est dans le cas d’avoir avec les préposés ne lui ont pas permis de se procurer des données positives sur cet article qui pourrait être le mieux rempli par le directeur des douanes à Strasbourg.

L’agiotage n’a point lieu dans l’arrondissement faute d’occasion et la circulation des fausses monnaies est de même peu conséquente si ce n’est qu’on s’aperçoit depuis quelque temps que les pièces de 24 livres de fabrique anglaise et dont le taux est inférieur du quart environ aux vrais louis commencent à s’introduire dans la circulation. Il convient d’observer encore que dans le courant du mois de nivôse il a été traduit devant le tribunal de l’arrondissement une bande d’individus prévenus de fabrication de fausse monnaie parmi lesquels se sont trouvés quelques employés des douanes, le jury d’accusation les a déclaré atteints du crime mais ils ont été acquittés par le tribunal criminel du département.

 

Chapitre 4 – Culte

 

     Tous les ecclésiastiques de l’église catholique domiciliés dans l’arrondissement adhérent au concordat et sont dans la commune de l’évêque de Strasbourg. Il ne leur reste plus d’autre vœu que de voir la prompte et entière exécution des articles du Concordat relatifs à la circonscription des paroisses et à la nomination des curés et vicaires. Quant à l’union de tous les ministres catholiques elle parait être difficile ou pour mieux dire, quelques-uns des ecclésiastiques qui font partie du clergé qu’on appelait constitutionnel ne parviendront pas sitôt à se concilier l’amour, l’estime et la confiance de leurs concitoyens non parce qu’ils s’étaient soumis à la loi, car il est de fait que tous les ecclésiastiques du ci-devant diocèse de Spire employés depuis le rétablissement du culte en l’an IV jusqu’à ce jour, avaient fait sans aucune difficulté les soumissions et déclarations exigées par la loi du 7 vendémiaire an IV et celles subséquentes, mais parce que leur conduite n’a jamais répondu aux fonctions importantes du sacerdoce. Ce sont en général des moines allemands qui ont quitté le froc non pour prêcher la morale de l’Évangile mais pour se livrer sans gêne à une vie scandaleuse et aux excès de la Révolution. D’un autre côté, je ne dois pas passer sous silence que parmi les prêtres nouvellement rentrés et exerçant le ministère du culte dans les communes du ci-devant diocèse de Strasbourg, il y en a qui paraissent encore être trop fortement attachés aux principes de l’église ultramontaine ou qui conduits par un zèle mal entendu ont tenté à alarmer les consciences en troublant la bonne harmonie des familles surtout dans les communes où avant leur rentrée des mariages mixtes avaient été contractés. Cependant il faut leur rendre la justice de dire que les exhortations paternelles qui leur ont été adressées tant par le sous-préfet que par le substitut du commissaire du Gouvernement près le tribunal criminel du département ont suffi pour faire cesser les désordres qu’ils avaient occasionnés et à les faire revenir de leurs erreurs ou à les engager à renoncer à cet esprit de secte qui les avait animé.

 

 Chapitre 5 – Police personnelle

 

  • Étrangers

 

Les seuls étrangers qui viennent pour ainsi dire dans l’arrondissement sont les compagnons de métiers et les étrangers qui obtiennent la permission de se fixer en France. La conduite des uns et des autres est en générale assez tranquille et à l’égard des derniers l’inconvénient dont il a été fait mention au chapitre premier article de la mendicité, est le seul que leur présence entraîne pour les habitants de l’arrondissement.

 

  • Prévenus d’émigration

 

L’on ne peut rien reprocher à la conduite de ceux qui sont de retour depuis l’arrêté du 28 vendémiaire IX et qui ont obtenu leurs arrêtés d’élimination ainsi qu’à ceux qui sont rentrés depuis longtemps sous les auspices des lois des 22 nivôse et 4ème jour complémentaire an III et quant à l’exécution du Senatus Consulte du 6 floréal dernier les opérations y relatives sont terminées dans l’arrondissement.

 

Chapitre 6 – Esprit public

 

 Si la soumission aux lois, l’attachement des citoyens au Gouvernement qualifient l’essence de l’esprit public l’on peut dire avec assurance que celui qui règne dans l’arrondissement est des meilleurs possibles. Partout se montre le plus grand calme, les impôts se lèvent avec facilité et si dans quelques communes il y a eu de temps à autre quelque stagnation dans les recouvrements c’est moins le défaut de bonne volonté que l’impossibilité physique où se trouvent les contribuables par suite de pertes imprévues d’acquitter leur dû, qui en est la cause. En général l’esprit du travail, de l’économie et de l’ordre qui caractérise si essentiellement l’habitant de ce pays lui fait trouver des ressources pour supporter les charges qui lui sont imposées en attendant le soulagement qu’il en espère du Gouvernement qui lui a déjà procuré de si grands et de si importants bienfaits. »

 

Ce calme apparent n’a pas toujours existé. Ainsi un rapport de gendarmerie du 9 janvier 1806, donne avis que des lettres anonymes et incendiaires, ont été adressées aux maires de Maertzheim, Ilbesheim et à un particulier d’Oberhoffen avec injonction de déposer différentes sommes à des endroits désignés sous peines de grands malheurs. Des individus désignés pour les cohortes sont soupçonnés d’en être les auteurs.

Durant ce même mois, le passage des prisonniers russes donne quelques craintes d’épidémie en raison de la maladie qu’ils avaient. Les mesures sont prises pour en arrêter l’effet et calmer les peurs des habitants.

Pour obtenir une idée très précise de l’état dans lequel se trouvait l’arrondissement de Wissembourg durant le Consulat et le Premier Empire, il faudra faire une analyse complète du fonds de la sous-préfecture. Ce travail n’est point le but du présent ouvrage et il reste à réaliser pour connaître plus exactement cette circonscription.

Wissembourg.jpg
bottom of page